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Le 30 janvier 1951
LA FOI, LA SINCÉRITÉ ET LA SOUMISSION
LES MONDES INVISIBLES
LE VITAL ET L'ÉMOTION PSYCHIQUE
Cet Entretien est basé sur le Chapitre III de
La Mère de Sri Aurobindo.
"Plus votre foi, votre sincérité et votre soumission sont
complètes, plus la Grâce et la protection seront avec vous. Et quand la Grâce et
la protection de la Mère divine sont avec vous, qu'est-ce qui peut vous toucher,
ou qui avez-vous à craindre ? Un peu même de sa Grâce vous portera à travers
toutes les difficultés, tous les obstacles et tous les dangers. Entouré de sa
pleine Présence, vous pouvez aller sans crainte sur votre chemin, car c'est le
sien, peu soucieux de toutes les menaces, sans être affecté par aucune
hostilité, si puissante sait-elle, qu'elle vienne de ce monde ou des mondes
invisibles. Son contact peut tourner les difficultés en occasions, l'insuccès
en succès et la faiblesse en force qui ne défaille point. Car la Grâce de la
Mère divine est l'assentiment du Suprême et, tôt ou tard, son effet est sûr;
c'est une chose décrétée, inévitable et irrésistible. "
Que veut dire "décrétée"?
Ça vient du mot "décret". C'est une loi, c'est quelque chose qui
est... On décrète que telle chose sera faite de telle manière, par exemple. Les
gouvernements produisent des décrets sur ce qui doit et ne doit pas être fait.
Ce sont des ordres donnés d'une façon officielle. Alors, dans ce cas-ci, c'est
un ordre du Suprême, c'est un ordre donné qui est inévitable.
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"Entouré de sa pleine Présence, vous pouvez aller sans
crainte sur votre chemin, car c'est le sien... "
C'est le même chemin. De la minute où vous êtes entouré delà
Grâce divine et que vous vous êtes mis dans les conditions pour avoir la Grâce
divine, votre chemin et le sien sont devenus les mêmes.
Quels sont les "mondes invisibles" ?
Ça, c'est une question formidable !
Vous avez entendu et vous avez lu qu'on est fait de différents
états d'être, n'est-ce pas : le physique, le vital, le mental, le psychique, le
spirituel, etc. Eh bien, tous ces états d'être intérieurs correspondent à des
mondes invisibles. Il y a un monde physique, un monde vital, un monde mental, un
monde psychique et beaucoup de mondes spirituels, toute une échelle de mondes
de plus en plus subtils, de plus en plus proches du Suprême. Alors, comme vous
portez une correspondance de cela en Vous, par une étude de votre être
intérieur, par une prise de conscience de votre être intérieur, vous vous rendez
capable, petit à petit, de prendre conscience aussi de ces mondes invisibles.
Par exemple, le mental : si le mental est conscient, coordonné, bien gouverné,
il peut se promener dans le monde mental, s'y promener comme le corps se promène
dans le monde physique et voir comment est ce monde mental, ce qui s'y passe,
quels en sont les caractéristiques et ainsi de suite. Ce ne sont pas des choses
qui sont en elles-mêmes invisibles — elles sont invisibles pour la conscience
physique et pour les sens physiques, mais pas pour les consciences
correspondantes intérieures et les sens correspondants intérieurs. Parce que,
par développement systématique, on peut obtenir des sens dansées mondes et alors
on peut vivre d'une vie analogue — avec des caractéristiques différentes, mais
je veux dire d'une vie objective
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— dans ces mondes, si on est soi-même suffisamment développé.
Autrement, ce serait pour nous comme s'ils n'existaient pas. Si nous ne portions
pas en nous-mêmes la correspondance de tout ce qui est dans l'univers, cet
univers serait pour nous comme s'il n'existait pas. Et c'est seulement une
question de développement systématique et méthodique. Il y a des gens qui ont
ça spontanément pour des raisons diverses, généralement par suite de longues
préparations dans des vies antérieures, quelquefois par des circonstances
spécialement favorables — ils sont nés dans un milieu, de parents qui avaient
ces facultés-là développées, et dès leur enfance on les a aidés à les
développer. Il y en a d'autres qui doivent les acquérir systématiquement par une
discipline intérieure; ça prend du temps, c'est long, mais enfin ce n'est pas
beaucoup plus long que pour un cerveau d'enfant d'arriver à comprendre les
mathématiques abstraites. Il faut des années pour ça.
Ces mondes invisibles sont-ils dans l'univers dans un endroit
fixe?
Ils font partie de l'univers, naturellement... oui, on peut dire
dans un endroit défini. Mais pour comprendre ça, pour comprendre ces choses-là,
il faut avoir un esprit capable de comprendre qu'il y a d'autres dimensions que
les dimensions purement matérielles, n'est-ce pas. Parce que si on vous dit que
vous avez votre être psychique au-dedans de votre corps, cela ne veut pas dire
que, si vous ouvrez votre corps, vous trouverez votre être psychique là-dedans.
Vous trouverez votre cœur, votre estomac et le reste, mais pas votre être
psychique. Et pourtant c'est correct, il est au-dedans de vous; il vous dépasse
aussi, mais il est dans une autre dimension. Et on peut dire qu'il y a autant de
dimensions qu'il y a de mondes différents. Certainement, tous ces mondes
invisibles — soi-disant invisibles — sont contenus pour ainsi dire dans
l'univers matériel. Mais ils ne prennent pas la place d'autres choses.
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Enfin, par une
comparaison qui n'est pas parfaite — ça ne vaut qu'en tant que comparaison —, tu
peux contenir dans ton cerveau une quantité innombrable d'idées et tu n'as
certainement pas la sensation que, pour qu'il en vienne une, il faut en chasser
une autre, n'est-ce pas ? Ça n'occupe pas un espace de ce genre-là.
"...et les conditions nécessaires pour sa création..."¹
Elles sont innombrables et différentes suivant les gens et les
circonstances. Mais elles se réduisent, après tout, à ce qu'il a dit au
commencement, ou un peu plus loin, je ne sais pas... Voilà: "... la foi, la
sincérité et la soumission." Ça, ce sont les conditions nécessaires. Et après,
il décrit quel genre de foi, quel genre de sincérité et quel genre de
soumission. Ça, ce sont les conditions nécessaires pour que sa victoire soit
remportée sur les forces adverses. Les conditions de votre côté, n'est-ce pas.
Ses conditions à elle — je suppose qu'elle les remplit spontanément —, c'est
de répondre à l'aspiration, d'avoir la puissance, la clairvoyance, la
connaissance et la volonté. Ça, c'est évident. Alors, il faut lui donner un
terrain sur lequel elle peut travailler, et des conditions dans lesquelles elle
peut travailler, et ces conditions sont celles-là : la foi, la sincérité et la
soumission — une foi pure, sans mélange, une sincérité parfaite, intégrale et
une soumission sans conditions. C'est ça qu'il vous a décrit.
Est-ce qu'il y a un nombre limité de dimensions?
Limité ? ou illimité ? qu'est-ce que tu demandes ? Combien de
dimensions ? Ah, faut-il demander ça aux mathématiciens ou aux occultistes ? A l'occultiste !
¹"Ne demandez
rien d'autre que la Vérité divine, spirituelle et supramentale, si réalisation
sur terre, en vous et dans tous ceux qui sont appelés et choisis, et le
conditions nécessaires pour sa création et sa victoire sur toutes les forces
adverses.
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Voilà : il y a un nombre limité d'une certaine façon ; mais
comme dans chacune de ces dimensions il y a un autre nombre limité de
subdivisions, et comme dans ces subdivisions il y a encore un nombre
considérable de subdivisions, nous pouvons dire que c'est illimité, et pourtant
c'est limité. Alors, si tu comprends quelque chose, tu as de la chance !
Si le nombre est limité, il y en a combien ?
Douze.
Comment se fait-il qu'il y ait "une foi égoïste dans l'être
mental"¹
?
Il l'a très bien décrit : "colorée par l'ambition", etc. Moi, je
trouve que si on met ça d'une autre façon, c'est beaucoup plus vrai. Quelle est
la foi qui n'a pas en elle un peu de tout ça ? Parce qu'il est dit, il a été
répété que la foi, si la foi est pure, elle est, capable de... rien ne peut lui
résister. C'est-à-dire, si on avait une foi tout à fait pure, pure de toutes ces
choses, une vraie foi, disons la vraie foi, eh bien, il n'y aurait rien
d'impossible; on pourrait être transformé du jour au lendemain, on pourrait
faire descendre le Supramental en un moment, on pourrait... N'importe, faire
n'importe quoi, si on avait la foi. Mais il faut que ce soit une foi pure,
qu'elle ne soit mélangée avec aucune réaction personnelle ni volonté
personnelle.
Une foi pure est une chose toute-puissante et irrésistible. On
ne rencontre pas souvent de foi qui soit toute-puissante et irrésistible, cela
prouve qu'elle n'est pas tout à fait pure. Il faut tourner le problème comme ça
: par exemple, chacun de nous a une foi, une foi en quelque chose,
¹"Une foi
égoïste de l'être mental et vital, colorée par l'ambition, l'orgueil, la vanité,
l'arrogance mentale, l'obstination vitale, les exigences personnelles, le désir
pour les mesquines satisfactions de la nature inférieure, est une flamme basse
et fumeuse qui ne peut s'élever droit vers le ciel."
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mettons la foi en la Présence divine au-dedans de
nous. Si notre foi était pure, immédiatement nous serions conscients de cette
Présence divine au-dedans de nous; c'est un exemple très simple à comprendre. On
a la foi, elle est là, mais on n'en a pas l'expérience. Pourquoi ? Parce que la
foi n'est pas pure. Si la foi était tout à fait pure, immédiatement ce serait
fait. C'est très réel. Alors, quand on s'aperçoit que ce n'est pas tout de suite
réalisé, on peut commencer à regarder : "Mais pourquoi est-ce que ce n'est pas
réalisé ? Qu'est-ce qu'il y a dans ma foi ?" Et si on regarde toujours avec la
même sincérité, si on regarde, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de petites
choses là-dedans, tant de petites choses, pas grosses — grosses comme ça —, qui
sont repoussantes... non, de petites choses. Combien de fois il s'y mélange un
petit amour-propre, quelque chose comme... et puis, un désir—pas très violent,
qui ne se montre pas beaucoup — de l'importance que ça vous donne, du pouvoir
que ça vous donnera et des satisfactions que cela vous donnera...
Dans les mondes invisibles, est-ce que l'on voit des choses
comme dans le monde physique ou comme dans les rêves?
Il faut s'entendre sur les rêves ! Il y a des rêves où l'on voir
des choses d'une façon tellement précise, tellement concrète que le monde
matériel vous paraît un peu irréel à côté. Il y a des rêves comme ça, où les
choses sont tellement intenses, tellement précises, tellement concrètes,
tellement objectives, et qui vous laissent une impression tellement forte que
le monde matériel a l'air un peu, n'est-ce pas, comme un brouillard, pas très
clair, pas très précis. Alors, si c'est un rêve comme ça, oui. Mais si c'est un
rêve où les choses s'entrechoquent d'une façon incohérente, inconsistante, non.
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Le premier pas, il faut savoir discerner entre les différents
états d'être intérieurs, c'est-à-dire pouvoir savoir avec certitude :
ça, ça appartient au vital ; ça, ça appartient au mental ; ça,
ça appartient au psychique; ça, ça appartient au matériel. Et comme j'ai dit
tout à l'heure, il y a des sous-degrés dans tout ça. Il y a un vital matériel,
un vital vital, un vital mental, un vital sous l'influence psychique. Il faut
pouvoir classer les choses d'une façon très claire, ne pas faire des mélanges,
comme ça, de vagues confusions au-dedans de soi : "Tiens, d'où vient ce
mouvement-là, qu'est-ce que c'est ?" N'est-ce pas, des impressions sans
précision... Premier pas.
Second pas, vous apprenez à vous concentrer dans un de ces états
intérieurs, vous choisissez celui que vous sentez le plus vivant, le plus
développé en vous et vous apprenez à vous concentrer là, et puis vous faites
les mêmes exercices — je ne sais si vous vous souvenez des exercices que vous
faisiez quand vous étiez tout petit pour marcher, pour boire, pour parler, pour
entendre, pour sentir, mais vous avez fait beaucoup d'exercices. Tous les
enfants font des exercices sans savoir qu'ils en font, mais ils en font. Alors,
il faut faire une chose analogue. Il faut construire des sens, les développer,
les rendre conscients, indépendants et précis dans leurs perceptions. Ça, c'est
la deuxième étape. Ça peut prendre du temps, ça peut venir vite; cela dépend
du degré de développement de votre être intérieur.
Après ça — ce n'est qu'un début —, après ça, il faut apprendre à
s'isoler de toutes les autres parties de l'être, se concentrer en celle où on
veut avoir l'expérience, et se concentrer de telle façon qu'on entre en contact
avec le monde extérieur correspondant — je ne veux pas dire que c'est une
extériorisation qui laisse votre corps dans un état de coma, non; il suffit
d'une concentration très intense, un pouvoir de s'isoler de tout le reste
excepté de l'endroit dans lequel on se concentre. Et puis vous entrez en rapport
avec le monde correspondant. Il faut vouloir et vous apprenez petit à petit à le
faire.
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Et alors là, vous avez justement l'exercice nécessaire pour perfectionner les sens
que vous avez développés petit à petit, pour leur donner un champ d'action.
D'abord vous serez peut-être un peu perdu dans ce monde extérieur, vous ne serez
pas tout à fait à l'aise, Mais petit à petit vous vous habituerez et commencerez
à vous y déplacer, en suivant le mode de déplacement de chacun de ces mondes.
Alors, si on sait d'avance comment ce sera (le mental est va
instrument formateur tellement magnifique qu'il peut vous construire toute une
expérience et quelle ne sera jamais une vraie expérience, malheureusement), ce
sera seulement une construction mentale. Alors, généralement, quand on veut
instruire quelqu'un dans ces choses occultes, on ne lui dit jamais ce qui va
arriver pour commencer. La seule chose qui se passe, s'il lui arrive quelque
chose, s'il dit : "Cela m'est arrivé", on lui dit : "Oui, c'est correct" ou :
"Non, ce n'est pas correct." On peut l'aider. Mais d'avance on ne lui dit pas :
"Vous irez dans tel endroit", "Ça sera de telle manière", "Vous aurez telle
expérience", etc., etc., etc., parce que tout ça, alors, peut se produire
seulement par le fait d'une construction mentale bien faite et dans laquelle
vous vous promenez avec aisance. Alors ça, c'est vraiment un rêve !
Si on n'est pas conscient de la Présence divine, est-ce qu'on
peut jouir de la protection divine ?
Là aussi, ça dépend des cas. Cela peut être; ce n'est pas
toujours comme ça, mais cela peut être. Il peut arriver que la Grâce divine soit
sur quelqu'un qui n'en sache rien. Cela arrive même plus souvent que l'on ne
pense.
Une émotion est-elle toujours un mouvement vital?
Ça dépend de quelle émotion et ça dépend aussi de ce qu'on
appelle "émotion".
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Par exemple, il y a une condition dans
laquelle, si on est mis en présence d'un mouvement psychique très précis, très
clair, c'est-à-dire très distinctement psychique — cela arrive assez fréquemment
—, l'émotion est tellement forte que les larmes viennent aux yeux. On n'est pas
triste, on n'est pas heureux, ni l'un ni l'autre; ça ne correspond pas à un
sentiment quelconque, mais c'est une intensité d'émotion qui provient d'un
contact avec quelque chose qui est clairement, d'une façon précise, psychique;
cela peut être en soi-même, mais c'est encore plus souvent en quelqu'un d'autre.
Quand on est en contact avec une action, un mouvement, une manifestation d'ordre
psychique, alors, tout d'un coup, les yeux se remplissent de larmes. Si on
appelle cela une émotion, évidemment, c'est une émotion, n'est-ce pas. Mais,
généralement, ça provient d'une chose : l'être physique a un besoin très peu
conscient mais très intense du contact avec la vie psychique. Il se sent pauvre,
dénué, isolé et abandonné quand il n'est pas en contact avec l'être psychique.
Il n'y a pas un être physique sur un million qui le sache. Mais ces espèces
d'impressions, n'est-ce pas, d'être comme perdu, suspendu, sans protection, sans
soutien, manquant de quelque chose, on ne sait pas de quoi, quelque chose
qu'on ne comprend pas mais qui vous manque, un vide quelque part, eh bien, cela
arrive plus souvent qu'on ne le croit — les gens ne savent pas du tout ce que
c'est. Mais alors, quand pour une raison quelconque, tout d'un coup, cette
conscience se trouve en rapport avec un phénomène clairement psychique, se
trouve en rapport avec les forces psychiques, les vibrations psychiques,
l'impression est tellement forte, tellement forte que, certainement, le plus
souvent, le corps peut à peine le contenir — c'est comme une joie trop grande,
n'est-ce pas, qui déborde de tous les côtés —, qu'on ne peut pas le contenir, on
ne peut pas le maintenir au-dedans de soi. Alors, ça, c'est comme ça... Il y a
tout d'un coup une sorte de révélation, pas très consciente, pas clairement
exprimée, mais la révélation de :
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c'est ça, c'est ça qu'il me faut. Et c'est tellement fort,
tellement fort que ça donne une émotion, n'est-ce pas, qui est faite de tant de
choses qu'on peut à peine exprimer ce que c'est. Ça, ce sont des émotions qui ne
sont pas vitales.
Les émotions vitales sont tout à fait d'une autre nature — elles
sont très claires, très précises, vous pouvez les exprimer d'une façon très
nette; elles sont violentes, elles vous remplissent d'une... généralement
d'intensité, d'agitation, quelquefois d'une grande satisfaction. Et puis alors,
il y a l'opposé qui vient avec la même force. Et alors les gens... Il y a
beaucoup de gens qui croient (c'est une chose dont nous avons parlé déjà plusieurs fois), il y a des gens qui s'imaginent qu'ils ne connaissent l'amour que
quand l'amour est comme ça, quand l'amour est dans le vital, quand ça
s'accompagne de tous les mouvements du vital, toute cette intensité, cette
violence, cette précision, cet éclat, cette brillance. Et alors, quand ce n'est
pas là, ils disent : "Oh, ce n'est pas de l'amour."
Et pourtant, c'est justement comme ça que l'amour se déforme :
ce n'est déjà plus de l'amour, ça commence à être delà passion. Et, n'est-ce
pas, c'est une erreur presque universelle parmi les êtres humains.
Il y à des gens qui sont pleins d'un amour psychique très pur,
très haut, très désintéressé, qui n'en savent rien et croient j qu'ils sont
froids, secs et sans amour parce qu'il n'y a pas ce ; mélange de la vibration
vitale. Pour eux, l'amour commence avec cette vibration et finit avec elle
aussi.
Alors, comme c'est une chose extrêmement instable, qui a des
actions et des réactions et des violences de toutes sortes dans la dépression
comme dans la satisfaction, pour les gens, l'amour est une chose extrêmement
fugitive — ils ont des minutes d'amour dans leur vie. Ça peut durer, n'est-ce
pas, quelques heures, et après on redevient terne et plat et on s'imagine que
l'amour vous a quitté.
Comme je l'ai dit, il y a des gens qui sont tout à fait en
dehors de ça, qui sont arrivés à maîtriser ça de telle façon que cela ne se
mélange plus à rien,
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qui ont au-dedans d'eux cet amour psychique qui
est tout fait d'oubli de soi, de don de soi, de compassion, de générosité, de
grandeur de vie et qui est un grand pouvoir d'identification. Alors, la plupart
des gens croient qu'ils sont froids ou indifférents... très gentils, ce sont des
gens très gentils, n'est-ce pas, mais ils n'aiment pas ; et eux-mêmes
quelquefois ils ne savent pas. J'en ai connu, n'est-ce pas, qui pensaient qu'ils
n'avaient pas d'amour parce qu'ils n'avaient pas cette vibration vitale.
Généralement, quand les gens parlent d'émotion, ce sont des émotions vitales
dont ils parlent. Mais il y a un autre genre d'émotions, qui est d'un ordre
infiniment supérieur et qui ne se manifeste pas de la même manière, qui a autant
d'intensité, mais c'est une intensité sous contrôle, contenue, condensée,
concentrée, qui est un pouvoir dynamique extraordinaire.
De vrais amours peuvent faire des choses extraordinaires, mais
c'est rare. N'est-ce pas, toutes sortes de miracles peuvent se faire par amour
pour celui qu'on aime, non pas pour tous, mais pour ceux ou celui qu'on aime.
Mais alors, ça il faut que ce soit un amour libre de tous les mélanges du vital
— c'est-à-dire un amour absolument pur et désintéressé qui ne demande aucune
chose en échange, qui ne s'attend à aucune chose en échange.
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